Je suis intéressée par l’autofiction, soit ce jumelage de l’autobiographie et de la fiction, comme riche terrain d’exploration artistique. Ma démarche autofictionnelle consiste à scruter ma vie pour en tirer du matériel artistique et le mettre en scène. En lien avec l’autofiction, je suis inspirée par la devise féministe le personnel est politique et crois qu’en mettant en scène ma subjectivité j’aborde des enjeux socio-politiques reflétant la réalité d’autres personnes.
J’œuvre principalement en performance directe et pour la caméra, cependant j’ai recommencé à peindre après une pause d’une vingtaine d’années! En plus de ma formation universitaire en arts visuels, (B.F.A., M.F.A., PhD.) j’ai suivi des ateliers de théâtre clown et néo-bouffon qui nourrissent les aspects humoristiques, vulnérables et parodiques de mon travail. De plus, mes lectures en psychanalyses et en psychologies servent de fondement pour l’exploration de ma subjectivité.
L’esthétique de mon travail a été qualifiée d’intime, de kitch, de grotesque et d’abject. La nourriture, les couleurs vives, les personnages ludiques et les rituels sinistres y sont à l’avant plan. Mon utilisation de la caméra est exploratoire. Elle se rapproche et s’infiltre comme si elle était une extension du corps, ce qui renforce l’intimité du sujet. Je m’intéresse au trop proche, au trop personnel, au trop dérangeant, au trop grotesque… au trop tout court! Mon travail en peinture partage cet esthétique d’une manière plus abstraite.
Mon projet le plus récent Apology Project (letters)explore l’acte de s’excuser. Je suis intéressée par le remords et le regret et comment nous pouvons contribuer à leur transformation. Mon projet interroge comment les excuses peuvent devenir des véhicule de guérison et de réconciliation et aussi comment ils peuvent parfois être déplacés et ne pas fournir pas les résultats désirés. Cette installation intégrera des lettres d’excuses ainsi que des voix proclamant leurs excuses.
Avec French Kiss, je me suis intéressée à l’impact psychologique de mon déplacement du Québec vers l’Ontario et j’ai réinterprété le conte La princesse et la grenouille pour parler de l’assimilation, de la résistance à l’assimilation, de l’effacement, de l’autodestruction et de la construction identitaire. Au cours de mon travail antérieur, j’ai épousé une poupée masculine pour déconstruire des mœurs amoureux (Maria Plus One), rempli des trous avec du glaçage rose pour parodier la société de consommation (Free Sugar) et invité des gens à porter des sacs de papiers et à s’excuser tout en bloquant l’accès à un lieu pour parler de comportements passifs-agressifs (Apology Project).